9 juillet


Après une très très courte nuit (plus de somnolence que de vrai sommeil), nous nous levons à minuit... petit déjeuner à 00h15 (dur d'avaler quelque chose), puis nous chaussons les harnais, crampons, casques et démarrons pour le sommet à la lueur de la frontale. Nous nous mettons en route à 00h45. Il fait nuit noire, la lune étant à son premier croissant, éclairant très peu le glacier. Au loin nous voyons d'énormes éclairs d'orage. Au moins, nous n'entendons pas le tonnerre. Toutefois, nous ne sommes pas très rassurés.
Quant à la température, ce n'est pas trop froid: nous démarrons avec seulement 2 couches de vêtements.


La neige a gelé, sans être dure. La marche n'est pas très aisée. La trace est assez claire et immédiatement, nous gagnons de l'altitude... Parti de 3071m, nous remontons d'abord le glacier du Dôme en direction du piton des Italiens. Six cordées quittent le refuge (1 canadienne (nous), 2 polonaises, une française, une espagnole et une italienne).

Vers 3700m d'altitude, nous rencontrons quelques difficultés d'itinéraire: la trace est effacée par une très récente avalanche et nous remontons dans les coulées de cette avalanche, ce qui n'est pas aisé du tout, ni prudent... De plus, nous avons du mal à trouver la suite de l'itinéraire. Après un peu de recherche et avec l'aide des autres cordées, nous trouvons finalement la "porte de sortie" de ce premier glacier, en passant par quelques pas relativement faciles dans des rochers.  Il est alors déjà près de 4h30 du matin, nous sommes à 4000m d'altitude, le jour se lève, la montagne se pare de ses plus jolies couleurs.


Arête de Bionassay

















Après le piton, c'est la très effilée arête du Bionassay que nous traversons. Imaginez un chemin large d'environ 60 cm et 500 mètres de vide de part et d'autres. Nous sommes donc concentrés à bien mettre un pied devant l'autre: le moindre faux-pas serait fatal. Heureusement nous sommes encordés.

La cordée italienne qui était partie en même temps que nous, a déjà fait demi-tour.

Col du Dôme

Une fois l'arête passée, au col du Dôme, nous manquons d'énergie: nous nous arrêtons pour prendre un second petit déjeuner et se réhydrater correctement... 


Un arrêt s'impose pour reprendre des forces

La remise en route est quelque peu difficile: c'est l'heure la plus froide de la nuit et nous montons encore et encore pour arriver au Dôme du Goûter à 4300m, soit déjà plus de 1200 m de dénivelé parcouru. Il en reste encore 500 pour le sommet.

Le dôme du Goûter est notre premier objectif, puisque le dôme constituait notre "porte de descente" sécuritaire. C'est donc un premier soulagement.

Toutefois, Jean-Benoit a les pieds glacés. Cela implique un arrêt d'urgence et en toute sécurité pour réchauffer les 2 pieds effectivement bien gelés de Jean-Benoit... 

Après une demi-heure d'effort, des changements de chaussettes et des couches de vêtements supplémentaires (nous en sommes maintenant à 5 couches de vêtement), nous arrivons enfin à réchauffer ses pieds.





C'est à ce moment-là que j'ai pu voir l'entraide entre montagnards... La cordée polonaise qui était partie avec nous de Gonella, s'est arrêtée pour voir si elle pouvait nous aider et a offert du thé chaud aux garçons... Je remercie sincèrement cette cordée qui se reconnaitra!



Tout le monde est à nouveau en forme: je pose donc la question: descendons-nous vers la gauche vers la vallée ? ou tournons-nous à droite et continuons-nous vers le sommet avec encore plus de 400m de dénivelé et environ 2h30 d'ascension ?

Mais ce n'est pas une question à poser à mes très vaillants garçons... Il me formule la meilleure réponse en se mettant  immédiatement en route vers le sommet.

Nous nous mettons en route en passant par l'observatoire Vallot (4450m) puis la première des 2 bosses. C'est ici que la cordée française abandonne...  Nous tenons bon et continuons pour gravir la seconde bosse (4650 m ) ... Là, c'est moi qui lâche: fatigue intense, stress de l'itinéraire et de la sécurité des garçons et de la mienne, altitude et perspective de la descente ont raison de moi... Je suis à deux doigts d'abandonner et pourtant il ne reste que 150 m de dénivelé et moins d'une heure d'effort pour atteindre le sommet!



Alors grâce à la force mentale et aux encouragements de mes deux fils et fidèle à la devise de la famille: "perdre n'est pas une option", c'est un pas après l'autre que je fais vers le sommet, respirant très fort, cherchant le moindre souffle d'air et puis, 4700 m est franchi, 4750 m, nous voyons ce que nous pensons être le sommet... mais non, en fait, nous sommes à l'antécime. 




Il reste encore 20 minutes d'effort... et c'est à 10h40, soit après 09h55 d'efforts que nous atteignons le sommet, tous les 3 extrêmement émus et ô combien heureux...

Jean-Benoit (14 ans et 3 mois) et Pierre-Nicolas (16 ans et 5 mois) signent ainsi leur second 4000 dans leur jeune vie, et ce par une très longue et difficile voie... Quel exploit ! En tant que père, je ne peux qu'être fier de leur accomplissement!











La vue du sommet est époustouflante. Nous sommes sur le toit de l'Europe: effectivement, aucune autre montagne n'est plus haute que là où nous sommes... Le Mont Blanc nous accueille... Le ciel est dégagé, sinon quelques cumulus à l'horizon... ! 4810m d'altitude, 1900m de dénivellé, près de 10 heures de marche, des doutes, mais nous y sommes arrivés... Un père et ses deux fils totalement comblés.


En hommage à la cordée polonaise qui nous a aidés
In tribute to the Polish climber who helped us
Après une scéance photo, après avoir appelé Marie-Eve (nous avions du signal grâce aux antennes du l'Aiguille du Midi), après avoir contemplé à outrance le magnifique paysage qui s'offrait à nous, nous entamons notre descente vers le refuge du Goûter où nous espérons pouvoir nous arrêter, vu que nous n'avons pas de réservation. Nous sommes conscient que nous avons encore une longue marche à effectuer.

La descente dans le prochain blog...




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