Pour mémoire, il est 11h30, cela fait 10h45 que nous sommes en route, il nous reste au moins de 3 heures de marche avant d'atteindre le refuge...Après être resté 1/2 heure au sommet, il est temps de redescendre... Nous n'avons aucun endroit pour dormir car il a été impossible de réserver une nuitée au nouveau Refuge du Goûter. Voilà une autre source de stress...
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| Itinéraire de descente |
Nous redescendons la très longue arrête sommitale. La descente est bien plus facile que la montée. Les 2 bosses (là ou j'ai eu ma défaillance à la montée) sont franchies facilement et rapidement.
| Descente de l'arrête sommitale |
Nous arrivons au refuge de secours Vallot... À nouveau , un grand coup de faim nous assaille. Il est sage de s'arrêter, de s'alimenter et de se ré-hydrater avant de continuer.
Le paysage est splendide, mais des nuages arrivent pour couvrir le Dôme du Goûter que nous refranchirons dans quelques temps (et oui, nous sommes au-dessus des nuages)... Sachant qu'on peut se perdre facilement dans le brouillard sur le Dôme, je décide de raccourcir la pause repas et de repartir immédiatement.
Vallot - Col du Goûter... il faut remonter une centaine de mètre pour aller au Dôme...
Vallot - Col du Goûter... il faut remonter une centaine de mètre pour aller au Dôme...
Et là, Jean-Benoit est à plat: la montée de trop... Alors, c'est à notre tour de le soutenir... pas après pas, on remonte le dôme, lentement mais sûrement... Jean-Benoit tient le coup et ô surprise, quant enfin, nous arrivons sur le sommet de cet immense dôme, on aperçoit au loin le Refuge du Goûter...
| Refuge du Goûter |
Juste cette vue redonne des jambes et des ailes à Jean-Benoit... Pierre-Nicolas et moi le retenons quelque peu, sachant qu'il y a encore au moins 2 heures de marche. Il est 13h30, nous sommes en route depuis près de 13 heures: la fatigue se fait vraiment ressentir.
| Champs de séracs |
Nous continuons notre descente à travers de fantastiques champs de séracs et de glaciers enneigés. C'est un peu avant 16h00 que nous arrivons enfin au Refuge du Goûter.
J'espère que nous aurons de la place pour la nuit sinon c'est 2 heures supplémentaires de marche très difficiles qui nous attendent pour rejoindre le prochain refuge.
Je vais voir les gardiens, leur disant que je n'ai pas de réservations. Immédiatement ils me disent: "vous ne pouvez rester. Vous devez redescendre" - Dure réalité à entendre... Je continue toutefois: "J'arrive du sommet, depuis le refuge de Gonella et je suis avec 2 ados".
Le gardien a peine à me croire mais quand il voit arriver Pierre-Nicolas et Jean-Benoit, il est perplexe. Et le ton de la conversation change, emprunte de respect... Le gardien nous trouve aussitôt 3 lits et nous réserve des places pour le repas du soir. Quand j'annonce l'excellente nouvelle aux garçons, ils crient de joie; le stress se relâche, la fatigue tombe...
Pour fêter cela le gardien nous offre l'apéro (des jus). Il est sidéré que j'ai emmené mes 2 fils au sommet par la voie des Aiguilles Grises... C'est seulement à partir de ce moment-là que je me rend compte de l'exploit accompli...
Nous apprécions au plus haut point les boissons offertes. L'émotion entre nous trois est palpable.
Nous réalisons à quel point l'aventure que nous venons de vivre a été très dure mais extraordinaire.
Le repas est également un grand moment. Nous sommes en tête d'une table de 11 personnes... Nous sommes donc les premiers à nous servir de ... pâtes! Prévu pour 11, quand nous nous sommes servis tous les 3, il ne reste plus rien dans le plat pour les suivants, tellement nous sommes affamés. La cuisine nous apporte donc un second plat et les autres convives peuvent enfin aussi manger...
A la deuxième tournée, à nouveau le plat est vide après notre passage... C'est alors qu'un des deux guides assis à notre table nous demande pourquoi prendre tant de force pour le lendemain.. Pierre-Nicolas explique ce que nous avons fait... Le guide se lève alors pour lever son verre à mes fils en signe de respect... Très grand moment pour nous 3 qui prenons de plus en plus conscience de notre parcours.
A la deuxième tournée, à nouveau le plat est vide après notre passage... C'est alors qu'un des deux guides assis à notre table nous demande pourquoi prendre tant de force pour le lendemain.. Pierre-Nicolas explique ce que nous avons fait... Le guide se lève alors pour lever son verre à mes fils en signe de respect... Très grand moment pour nous 3 qui prenons de plus en plus conscience de notre parcours.
Finalement vers 20h30, nous allons au lit. Inutile de vous dire que nous nous sommes très vite endormis. Le lendemain matin, après une nuit entrecoupée par les gémissements d'autres alpinistes (dûs sans doute au mal d'altitude), nous prenons le petit déjeuner. À 07h30, nous rechaussons à nouveau tout le matériel: crampons, guêtres, etc... A côté de nous, une cordée partie vers le sommet à 05h00 du matin, avait déjà fait demi-tour sous le Dôme du Goûter à cause de la mauvaise adaptation à l'altitude.
Et nous continuons notre descente vers Tête Rousse à travers les rochers.. J'ai décidé de ne pas nous encorder et de laisser toute la latitude aux garçons: je les sais prudents et dans ces rochers, on s'amuse... désescaladant très rapidement, doublant d'autres alpinistes qui descendent, croisant des cordées qui montent. Nous sommes vraiment de très bonne humeur...
| Pierre-Nicolas entre le Goûter et Tête Rousse |
Nous arrivons enfin à la fameuse traversée du "Grand Couloir", bien connu pour être très dangereux à cause de fréquentes chutes de pierres... Mais comme il est encore très tôt le matin, le couloir de neige est bien gelé et nous le traversons très rapidement, assurés par notre longe...
Et nous continuons au pas de course notre descente. Prochain objectif: la gare du Nid d'aigle pour prendre le train qui nous amènera au Col de Voza.. ce qui nous prend qu'une petite heure de descente, tout en discutant entre nous... Définitivement, je nous sens sur un HIGH....
Arrivés au nid d'aigle, nous prenons le train (à crémaillère) pour une descente de 20 minutes jusqu'au col de Voza.
Ensuite nous terminons notre descente à pied, à travers les paturages d'abord, les forêts ensuite jusqu'au village des Houches où notre inestimable guide Sébastien Moatti nous retrouve pour nous ramener en voiture à Chamonix, distant d'une dizaine de kilomètres.
C'est alors des retrouvailles très très émouvantes entre les garçons et leur maman, mon épouse, bien soulagée de nous voir arriver!
Fin de la merveilleuse aventure Mont-Blanc!
L'air sec de la haute altitude, combinée au soleil très vif qui se reflète sur la neige et les glaciers ont laissé quelques brûlures sur les visages. Marie-Eve s'est vite empressée de nous enduire de crème pour ré-hydrater et soigner la peau...
| Réhydratation |
Prochain blog: l'effet de l'altitude et le séjour en quelques chiffres

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